Le projet de ruches avec les associations partenaires de « Envol Enfants de Madagascar » a été réalisé à partir de mars 2018 par Bernard Guth, producteur amateur de miel dans la Drôme. Il a dû vérifier d’abord si le projet était réalisable. Une fois sur place, il est allé à la recherche de ruches aux alentours de la ville, sans succès. Mais finalement, il a trouvé une ruche dans le jardin du voisin de la maison d’accueil. Â
En avril 2018, deux jours avant notre retour en France, un apiculteur s’est présenté à la maison d’accueil. Au bout d’un bâton en équilibre sur l’épaule, il transportait un essaim. En fait, il était surtout un fournisseur d’essaims sauvages qu’il va cueillir dans la forêt, à quelques kilomètres au nord de la ville. Nous avons alors constaté la viabilité d’un projet apicole dans le secteur.
Et nous avons donc résolu de revenir à Tuléar, un mois plus tard, pour enfin pouvoir démarrer l’apiculture sur des bases concrètes.
Traditionnellement, l’apiculteur malgache utilise encore les méthodes ancestrales, surtout au niveau de la récolte du miel ; le rayon construit par l’abeille est détruit manuellement pour en faire sortir le précieux nectar. Avec l’apiculture à cadre mobile, celui-ci est débarrassé de son miel par un extracteur rotatif centrifuge, ce qui permet sa réutilisation et améliore donc nettement les rendements.
Cette période de transition nous a permis de trouver un fournisseur de matériel apicole sur Tananarive. C’est chez lui, lors de notre deuxième séjour, que nous avons pu nous approvisionner. Le matériel acquis a pris la route jusqu’à Tuléar, avec notre chauffeur et guide Paulin.
L’abeille malgache est, de prime abord, une espèce très calme, contrairement à l’abeille « noire » que nous connaissons en Europe. Notre surprise a été grande de voir Jafeta, notre fournisseur d’essaim, l’installer dans la ruche sans aucun équipement de protection, même s’il est vrai qu’un essaim est généralement peu agressif lorsqu’il n’a ni habitat, ni nourriture à défendre.
Mais une surprise nous attendait : très vite, nous avons constaté que l’abeille malgache est particulièrement essaimeuse : venant d’un milieu sauvage, elle a tendance à déserter rapidement la ruche que nous lui offrons, d’autant plus si elle en est la première locataire.
Ainsi, nous avons pu attaquer rapidement la formation pratique, avec les volontaires de Tuléar et d’Andranomena des Associations FANARENANA et FIMAMIFA.
Il nous a donc fallu trouver des stratagèmes pour qu’elle adopte sa nouvelle maison, tout en étant obligés de récupérer à plusieurs reprises l’essaim qui avait déserté, dans des endroits parfois difficiles d’accès. Notre ami Jules pourra vous en raconter ! Il faut noter que Jafeta a eu la gentillesse de remplacer à plusieurs reprises les essaims fuyards.
Mais voilà , aujourd’hui, nous avons des ruches bien installées et bien peuplées : 3 à Tuléar (Betania) et 1 à Andranomena. Nous poursuivons nos efforts pour augmenter le cheptel et équiper peu à peu les autres centres de Saint-Augustin et d’Anakao.
Ainsi, nous pouvons offrir un miel de qualité aux enfants et au personnel des différents sites et, qui sait, permettre à terme, le démarrage d’une activité rémunératrice ?
Un grand point positif à souligner : les activités agricoles de la région étant encore exemptes de pesticides, l’apiculture locale devrait avoir de beaux jours devant elle. Il en est de même pour les prédateurs, tout particulièrement le varoa contre lequel nous luttons en Europe depuis quelques décennies. Depuis 2 ans, hormis la fausse teigne, nous n’avons eu affaire à aucun d’entre eux. Nous espérons que cela va durer !
Les nouvelles sont donc bonnes : Jules a récolté 13 kg de miel à l’internat à la fin de décembre 2019, mis en bocaux par Pauline. La formation qu’il a reçue n’a pas été vaine. A Andranomena, Rajo, le directeur de l’école, a récolté un peu plus de 4 kg pour une ruche. Un faible commencement bien prometteur ! Une évidence puisqu’en mars 2020 nous avons à nouveau récolté 12 kg à Andranomena.
Nous avons été vraiment surpris par le potentiel apicole de cette région, surtout à Andranomena, où la végétation ne semblait pas être propice au butinage. A cette allure on se demande si on ne va pas vendre ce miel sur le marché français !
Cette activité introduite dans nos centres est un élément de développement durable parmi d’autres. Son rôle éducatif et pédagogique est à souligner en même temps que l’aspect économique.
                                                                                                                                                                        Bernard GUTH